L'augmentation spectaculaire des ventes en ligne en 2020 a fait passer la part des ventes en ligne sur la totalité des ventes au détail de 16% à 19% à l'échelle mondiale, selon les estimations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED/UNCTAD) dans un rapport publié le 3 mai.
La publication des statistiques gouvernementales du commerce d'entreprise à entreprise (B2B) et d'entreprise à consommateur (B2C) accuse toujours un retard d'un an, de sorte que les données de 2020 ne sont pas encore disponibles mais sont les estimations des analystes de la CNUCED qui s'appuient sur les données des bureaux nationaux des statistiques de plusieurs pays.
Dans un groupe de sept pays inclus dans la première partie du rapport (Australie, Canada, Chine, Corée du Sud, Singapour, Royaume-Uni, États-Unis), les ventes au détail globales ont diminué de 1% en 2020, tandis que la vente au détail en ligne a augmenté de 22%.
La Chine et les États-Unis sont en tête du retail mondial, avec respectivement des ventes totales de $5681 milliards et $5638 milliards en 2020. La Chine a également les plus grosses ventes en ligne avec $1414,3 milliards, suivie des États-Unis avec $791,7 milliards.
Seul le retail chinois s'accroissait en 2020 (+3,51%), le britannique et l'américain flirtait avec les 0%. La crise sanitaire a profité au retail australien (+5,68% en 2020) et américain (+7,35%). Il s'est effondré à Singapour (-15,63%) alors que les ventes en ligne y ont bondi de 68% par rapport à 2019. Seul le Canada a connu une hausse supérieure (+70%). Le Royaume-Uni (+46%) et les États-Unis (+32%) ont aussi connu une croissance spectaculaire alors que la Chine et la Corée du Sud n'ont pas connu de hausse aussi forte car un quart des achats des consommateurs sont fait en ligne, contre 11% seulement à Singapour (3ème onglet) où les bouleversements du mode de consommation du offline vers le online est le plus spectaculaire. La part du e-commerce sur le retail au Royaume-Uni atteint 23% l'année dernière !
82% des ventes en ligne sont B2B
La CNUCED estime que la valeur mondiale des ventes en ligne (B2B et B2C) a atteint près de 26.700 milliards de dollars en 2019, en augmentation de 4% par rapport à 2018 ($25,6 trillions).
Les ventes du e-commerce B2C étaient estimées à 4870 milliards de dollars en 2019, en hausse de 11% par rapport à 2018. Les trois premiers marchés des ventes en ligne B2C sont restés la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni.
La valeur estimée du e-commerce inter-entreprises (B2B) mondial était de 21,8 billions de dollars, soit 82% de tous les échanges commerciaux en ligne, y compris les ventes sur les places de marché et les transactions EDI. La part du B2B sur le B2C continue de baisser à mesure que celle du B2C augmente.
La répartition entre les échanges en ligne B2B et B2C varie considérablement entre les pays. La France est le deuxième marché européen, B2B et B2C confondus, derrière le Royaume Uni mais devant l'Allemagne, avec $785 milliards estimés en 2019 dont $116 milliards pour le B2C (15% de parts). 29% du PIB français passent par les échanges online, 31% aux UK, mais seulement 14% en Allemagne.
30% du PIB mondial passent par le digital
Les 26.700 milliards de dollars d'échanges commerciaux en ligne estimés par la CNUCED correspondent à 30% du PIB mondial, avec de grandes différences entre les pays.
Sur le poids des ventes en ligne B2C sur les économies de chaque pays, c'est à dire la part du B2C sur le PIB, seuls la Chine et Hong Kong dépassent les 10%. Le Royaume-uni s'en rapproche (8,9%). La part de la France est deux fois moindre (4,3%), mais celle de l'Allemagne est encore trois fois inférieure (2,9%) à celle de notre voisin d'outre-Manche.
Parmi les 20 principales économies, les économies dites "en développement et en transition" représentaient environ la moitié des 20 principales économies du e-commerce B2C en 2019. L'adoption des achats en ligne varie considérablement selon les pays (2ème onglet). En 2019, les proportions les plus élevées ont été observées au Royaume-Uni (88%), au Canada, en Allemagne et aux Pays-Bas (tous 84%).
Les ventes mondiales du e-commerce B2C sont estimées sur la base de la part du PIB des pays disposant de données sur le e-commerce B2C sachant que les données sur les ventes en ligne étaient disponibles pour les pays représentant 65% de l'économie mondiale.
E-Commerce B2C transfrontalier
Parmi les dix principales économies exportatrices de marchandises selon l'OMC, la CNUCED estime que les ventes du e-commerce B2C transfrontalier se sont élevées à 440 milliards de dollars en 2019, soit une augmentation de 9% par rapport à 2018. Les achats des consommateurs faits à l'étranger étaient évalués à 9% des ventes totales du e-commerce B2C en 2019.
360 millions d'acheteurs en ligne ont effectué des achats à l'étranger en 2019, soit environ un sur quatre. La part de ceux qui achètent en ligne à l'étranger par rapport à l'ensemble des consommateurs en ligne est passée de 20% en 2017 à 25% en 2019.
J'ai recalculé les valeurs du champ "Share of crossborder B2C ecommerce sales in merchandise exports (WTO)" où il y avait une erreur dans le rapport de UNCTAD. Le ratio de la part du ecommerce crossborder sur la totalité des exports d'un pays est calculé sur la base des chiffres de l'OMC modélisés en bas de cet article.
En Europe, le Royaume-Uni se dispute la place de premier exportateur (15,2% du B2C) avec l'Allemagne (14.7%). Les marchands français ont expédié à l'étranger 10,2% des ventes en ligne pour 3,64% de la valeur des exports, derrière l'Italie (13,9% des ventes faites depuis l'étranger pour 0,9% de la valeur des exports).
Le marché du B2C à Hong-Hong est presque exclusivement destiné à l'export. 5% du marché y est domestique ($3 sur $38 milliards), 95% est expédié vers l'étranger. Les vendeurs d'Hong-Kong exportent $35 milliards de marchandises sur les $330 milliards achetées par les canaux B2C et exportées en 2019 à l'échelle des dix pays, plus de 10%.
Les consommateurs qui achètent en ligne chez un marchand de Hong-Kong contribuent à 9,57% du PIB du pays alors que selon l'OMC le ecommerce B2C crossborder d'HK représente 5% de la valeur de ses exports. Comment sur les $534 milliards d'exports d'HK en 2019, les $35 milliards des exports du ecommerce peuvent-ils générer 10% du PIB du pays?
Si la part du e-commerce B2C sur le PIB est plus important à Hong Kong, en Chine et au Royaume-Uni, c'est en corrélation directe avec la part des exports du ecommerce B2C (Share of Top 10 countries B2C exports value) sur les 10 pays concernés. 31,9% de ces exportations proviennent de Chine, 10,6% de Hong-Kong, 11,5% du Royaume-Uni.
Les données de la CNUCED confirment les déclarations du président de China Post selon lesquelles les colis en provenance de Chine représentaient 38% des colis crossborders dans le monde en 2019 (+25,5% YoY). 70% de ce fret était expédié par China Post sous le régime des frais terminaux de l'Union Postale Universelle.
D'après le dernier indice du volume de fret B2B et B2C de colis de Pitney Bowes, en cinq ans seulement, la Chine a triplé son volume de fret et gagné 20 points de pourcentage sur le volume mondial. Deux tiers des colis expédiés dans le Monde seront bientôt expédiés de Chine si la croissance se poursuit.
Selon l'International Post Corporation, les sites chinois de e-commerce sont ceux qui ont attiré le plus d'acheteurs étrangers, mais leur part est tombée à 34% en 2020 contre 36% un an plus tôt.
D'après la Banque Mondiale, la Chine a exporté pour 2,643 trillions de dollars de marchandises en 2019, ce qui représente 18% de son PIB et en fait le plus grand exportateur du monde. Les chiffres de l'OMC modélisés ci-dessous en annoncent 2590.
A LIRE:
- Les chiffres de la logistique sur les achats en ligne à l'étranger
- La part étrangère du e-commerce européen
- Typologie des colis du ecommerce transfrontalier
- Le e-commerce transfrontalier B2B en Chine d'ici à 2025
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