Le casier à colis multifonctionnel de Klarna

Une équipe de designers de Klarna, la société de paiement suédoise,  travaille sur un prototype de casier à colis multifonctionnel, la Modular Mailbox, capable d'évoluer selon les comportements d'achat des consommateurs et d'égayer n'importe quel espace.

Elle vise à transformer la boîte aux lettres d'un objet statique en une plate-forme modulaire qui prend en charge la circularité des échanges, les nouvelles transactions et facilite la vie. Mieux encore, Klarna veut que les habitants du quartier connaissent ce qui est retourné au cas où ils voudraient l'acheter, supprimant le fardeau environnemental d'un trajet inutile et créant de nouvelles options d'achat hyper-locales.

La Modular Mailbox est le dernier projet de Klarna pour se situer en dehors de l'activité fintech de base de la marque. En proposant des solutions qui rendront sa solution de paiement plus indispensable aux consommateurs et aux marques, la suédoise vise à infiltrer l'écosystème du commerce électronique au-delà des solutions de paiement.

Elle vient de lever 639 millions de dollars pour atteindre une valorisation de 45,6 milliards de dollars. Le prix de la société était supérieur de 47,3 % à celui de son précédent cycle de mars. Elle est désormais la deuxième fintech la plus valorisée au monde derrière Stripe, qui vaut 95 milliards de dollars, et la fintech européenne la plus valorisée devant l'anglaise Checkout.com et la hollandaise Mollie.

Même si la plateforme de paiements fractionné a enregistré un volume de paiements record de 53 milliards de dollars pour l'année 2020, avec un bénéfice d'exploitation net total dépassant 1 milliard de dollars, elle est aussi plus qu'un grand succès parmi les prestataires de paiement.

Sa solution de paiement est disponible pour les marchands français depuis quelques semaines.

Les frictions qui subsistent au sein de la chaîne d'approvisionnement, en particulier lors de la livraison du dernier kilomètre, la nouvelle normalité post-pandémique ainsi que l'évolution des habitudes de consommation sont le terrain propice de l'innovation.

Klarna imagine la consigne à colis du futur. Elle est belle, fonctionnelle et évolue au fur et à mesure que nos comportements d'achat changent. L'enjeu d'adaptabilité aux usages d'aujourd'hui et de demain est au coeur de sa conception et de son intégration dans nos vies.

Nous explorons l'avenir de la boîte aux lettres en la transformant d'une relique statique en une plate-forme modulaire pour le futur e-commerce, les livraisons, les retours et les quartiers commerçants".

La montée en flèche des envois et des retours de colis oblige les parties-prenantes sur l'enjeu de la livraison du dernier kilomètre à repenser le rôle de leurs réseaux logistiques. Les casiers à colis ont fait leur apparition partout, spécifiquement dans les halls d'immeubles et les espaces de travail collaboratif, offrant un moyen facile de récupérer et de retourner des commandes achetées en ligne. Et à mesure que les échanges continuent de se digitaliser, ces structures ne feront que devenir de plus en plus omniprésentes.

Selon McKinsey, les consommateurs américains ont retourné 428 milliards de dollars de marchandises en 2020, soit un taux de retour de 10,6%, les retours du e-commerce représentant près d'un quart du volume total des retours. Mais les détaillants de vêtements doivent faire face au pire. Une autre enquête McKinsey menée juste avant la pandémie avait noté un taux de retour de 25% pour les vêtements sur les canaux du e-commerce, contre 20% dans l'ensemble. Et avec une croissance des ventes en ligne d'environ 35% en 2020, les retours sont à un niveau record.

La demande des consommateurs et la congestion du trafic urbain exercent une pression transformationnelle sur nos villes. Cependant, c'est ce dernier point de contact qui reste le plus gros problème, car de nombreux consommateurs trouvent toujours les processus de collecte et de retour frustrants. À tel point, qu'une étude récente de Narvar a révélé que presque un tiers des acheteurs (31%) paieraient jusqu'à 5$ pour des services de livraison le jour même ou programmés, tandis que près d'un quart (22%) sont prêts à payer le même montant pour la collecte des retours à domicile.

Une solution de plus en plus populaire est l'utilisation de systèmes de consignes à colis. 38% des consommateurs utilisent des casiers à colis (la Fevad annonce 3% d'utilisation des consignes en France en 2020), en grande partie pour des raisons de commodité et pour éviter les livraisons manquées. Le fournisseur de casiers à colis SwipBox a constaté une augmentation de 53% de ses livraisons dans ses casiers dans le monde l'année dernière.

Afin de faciliter les retours, certaines entreprises utilisent déjà des casiers dans les gares de transit. Par exemple, ASOS à lancé les casiers à Londres en 2012. Certaines se regroupent pour créer des centres de retour dans les centres commerciaux, exécutent des collectes à domicile dans les zones à forte densité de population, ou conclure des accords avec d'autres détaillants. Rent the Runway, par exemple, a ouvert plusieurs points de dépôt en tirant parti des emplacements brick & mortar de Nordstrom dans certaines villes américaines. Les commandes Amazon peuvent désormais être retournées dans les magasins Kohl's ou dans les magasins Whole Foods.

Certains opérateurs se sont même déjà cassé les dents sur les casiers automatiques. Le groupe polonais de livraison de colis Inpost, après l'échec de son réseau Abricolis arrivé en France en 2014, repart à la conquête du marché hexagonal. Moins de deux mois après son introduction à la Bourse d’Amsterdam en janvier, InPost a acquis l’intégralité du capital de son homologue français Mondial Relay, alors détenu par l’allemand Otto Group, pour €565 millions.

Le réseau d'Inpost, qui s'appuie sur un système de consignes automatiques, est non seulement actif dans sa Pologne d’origine, mais aussi au Royaume-Uni et en Italie. Mondial Relay est aussi actif dans d'autres pays comme ceux du Benelux, l'Espagne et le Portugal. La polonaise repart à la conquête du marché hexagonal et vient n'annoncer que ses consignes automatisées allaient rapidement se déployer en France.

Cependant, les solutions de casiers restent assez basiques dans leur mise en œuvre, n'offrant guère plus que la collecte des colis et un dépôt numériquement sécurisés. Si elles veulent devenir une plus grande partie de l'infrastructure urbaine, elles doivent résoudre les autres points de friction et apporter de nouveaux services. Réinventer la boîte aux lettres pour répondre aussi bien aux besoins de l'ère numérique qu'à ceux de l'analogique était le défi que le laboratoire d'exploration des futures expériences d'achat de Klarna, le Future Shopping Lab, a lancé à Note Design Studio. Son objectif est de proposer des solutions qui rendront la solution de paiement plus indispensable aux consommateurs et aux marques.

Rasmus Fahlander, le directeur produit de l'expérience d'achat de Klarna, voulait trouver un moyen de rationaliser le processus pour les consommateurs, afin qu'ils puissent récupérer tous les articles achetés à l'aide de Klarna dans un emplacement centralisé et, en prime, utiliser certaines des autres fonctionnalités pratiques de la structure. Pour ce faire, les designers de la société suédoise ont développé un nouveau concept appelé the modular mailbox, la boîte aux lettres modulaire.

La version du casier de Klarna implique de grandes structures colorées, conçues pour ajouter de la couleur au paysage urbain. La boîte aux lettres modulaire comportera quatre modules de base. Elle vise à transformer la boîte aux lettres d'un objet statique en une plateforme modulaire qui prend en charge la circularité des échanges, les nouvelles transactions et facilite la vie. Mieux encore, Klarna veut que les habitants du quartier connaissent via son application ce qui est retourné au cas où ils voudraient l'acheter, supprimant le fardeau environnemental d'un voyage inutile et créant de nouvelles options d'achat hyper-locales.

La version du casier de Klarna est composée de plusieurs compartiments. L'un est pour récupérer les colis et les produits alimentaires achetés avec Klarna. La boîte de réception et d'envoi permet aux clients de récupérer et de retourner les colis. Mais l'idée est d'incorporer d'autres modules utiles qui pourraient également aider les gens à adopter des modes de consommation plus durables en soutenant ainsi la croissance des économies de partage locales. «Tant d'innovations ont été faites pour acheminer les choses chez vous. L'innovation qui, à mon avis, fait défaut est de sortir des choses de nos maisons», déclare Ana Andjelic, membre d'un groupe d'experts impliqués dans le Future Shopping Lab.

La boîte de partage, une idée qui a gagné en popularité pendant la crise du Covid-19, peut servir au voisinage à partager des livres, des vêtements ou quoi que ce soit d'autre. «Il pourrait y avoir une application pour votre quartier où vous pourriez demander un tournevis, et un voisin en déposera un dans la boîte», explique Fahlander, qui a dirigé ce projet. «Cela ferait partie de l'économie du partage et réduirait d'autant le besoin d'acheter.»

Les casiers sont également une extension des efforts marketing de Klarna. L’objectif est qu’un consommateur puisse s’arrêter au casier pour emprunter le tournevis d’un voisin, puis voir à quel point il est facile d’acheter un produit via Klarna, ce qui pourrait les inciter à commencer à utiliser le service.

Alors que le marché des emballages du e-commerce croît de 40%, et qu'un rapport d'Oceana vient d'évaluer les 7 milliards de colis expédiés par Amazon en 2019 à 211 millions de kilos d'emballages en plastique, "de quoi emballer 500 fois la Terre dans du film plastique à bulle", le système propose également une usine de micro-recyclage capable de traiter les emballages excédentaires.

La boîte de recyclage pourrait permettre aux gens de déposer des matériaux difficiles à recycler, comme du tissu ou des plastiques, qui pourraient être immédiatement comprimées. Le matériau collecté peut ensuite être dirigé vers la bonne installation, créant ainsi un système de recyclage optimisé.

La boîte d'imprimante 3D pourrait permettre aux utilisateurs d'imprimer de petits produits et des pièces de rechange, comme une vis manquante ou une poignée de porte, de réduire les expéditions et d'augmenter la réparabilité des produits existants.

Pour le moment, le concept de boîte aux lettres modulaire est en grande partie théorique et il y aurait de nombreux défis à relever pour en faire une réalité. Cependant, cela souligne l’objectif de l’entreprise de s’intégrer davantage dans l’expérience d’achat du consommateur.

Mais pour l'instant, Fahlander dit que le plus important est de se concentrer sur la satisfaction des besoins de chaque communauté particulière. «C’est un système flexible», déclare t-il. «Il est conçu pour changer en fonction des besoins d'un quartier, mais il peut aussi évoluer avec le temps, à mesure que notre comportement et nos besoins changent.»

Le premier obstacle est d'obtenir les bons permis et licences pour mettre en place ces structures. La solution la plus simple serait travailler avec des sociétés immobilières pour installer le concept dans des immeubles ou des centres commerciaux.

Leur implantation sur la voie publique serait plus complexe, mais si les boîtes aux lettres sont considérées comme un bien public, les villes pourraient être intéressées pour les installer dans les quartiers. Klarna suggère également que les marques partenaires pourraient développer des modules spécifiques aux marques. La suédoise revendique l'utilisation de sa solution de paiement par plus de 250 000 commerçants dans 17 pays. H&M, Ray-Ban, Ikea, Nike, Givenchy, Kenzo, Dipthyque, Peloton, Sonos et Asos ne sont que quelques-uns des détaillants qui ont activé l'interface d'achat de Klarna, à la fois en ligne et en magasin pour certains.

La Modular Mailbox est le dernier projet de Klarna pour se situer en dehors de l'activité fintech de base de la marque, après le lancement d'une wish list de produits achetables l'été dernier et le lancement de son application d'achat "all-in-one" qui permet aux consommateurs de suivre leurs achats, d'initier un retour et même de voir quand un article de leur wish list baisse de prix. Ces initiatives indiquent que Klarna vise à infiltrer l'écosystème du commerce électronique au-delà des solutions de paiement.

Klarna n'a pas encore construit de prototypes de ces casiers et les décrit actuellement comme un «projet de recherche». Mais cela souligne l’objectif plus large de la société de s’intégrer davantage dans l’expérience d’achat des consommateurs, dont 90 millions d'entre eux utilisent déjà la solution.

La boîte aux lettres modulaire est l'une des dernières innovations en matière de conception de services basés sur la collecte et la livraison, mais Klarna n'est pas seule à investiguer l'interpénétration de la logistique et de la zone commerciale de chalandise.

Posti, le service postal finlandais, a ouvert en mars dernier le plus grand espace de consignes à colis d'Europe à Helsinki avec plus de 1000 casiers dans un espace polyvalent à l'intérieur d'un centre commercial à Helsinki (87 % des Finlandais ont reçu un colis via un casier à colis au moins une fois en 2020).

Posti a construit le site pour fonctionner comme un terrain d'essai pour son développement commercial, l'aidant à comprendre quels services les consommateurs apprécient le plus, tout en aidant également de futurs partenaires potentiels à décoller. Posti Box aide aussi les marques à lancer de nouveaux produits, à mener des recherches avec les clients et même à organiser des événements de relations publiques en direct.

En plus de servir de laboratoire, le casier à colis surélevé Posti Box propose également des services client à valeur ajoutée, comme des cabines d'essayage sur site pour des essais faciles, une zone de déballage et même des options de recyclage, permettant une expérience d'achat et une gestion des flux logistiques plus transparente, pratique et durable.

Les premiers casiers à colis en Finlande ont été introduits il y a dix ans. Il y en a maintenant 2150 casiers, tandis que l'objectif dans un avenir proche est de 4 000. Le réseau Parcel Locker de Posti en Finlande est déjà l'un des plus importants au monde par rapport à la population.

Au sujet de Posti, mais pas des lockers, Copenhagen Economics a chiffré la subvention des colis chinois entrants en Finlande sous le régime de l'Union Postale Universelle à 10 millions d’euros, chiffre comparable à 22% du bénéfice annuel de Posti, générant une distorsion concurrentielle pour les e-commerçants finlandais qui paient 46% plus chers sur leur territoire l'expédition d'un produit équivalent à un expéditeur utilisant China Post. Sur 6 produits étudiés, dans un cas le désavantage représentait entre 44% et 67% des bénéfices du détaillant finlandais, dans l'autre cas entre 21% et 292% de sa marge.

Vous pouvez consulter l'analyse ici: "Le coût des distorsions concurrentielles et pertes financières des Postes sur les subventions du transport des colis chinois".

La société de paiement suédoise Klarna vient de lever 639 millions de dollars pour atteindre une valorisation de 45,6 milliards de dollars. Le prix de la société était supérieur de 47,3 % à celui de son précédent cycle de mars. Elle est désormais la deuxième fintech la plus valorisée au monde derrière Stripe, qui vaut 95 milliards de dollars, et la fintech européenne la plus valorisée devant l'anglaise Checkout.com et la hollandaise Mollie.

Klarna propose aux utilisateurs des paiements directs, des options de paiement après livraison et des paiements échelonnés. L'entreprise née en 2005 est principalement connue comme un fournisseur de services d'achat maintenant, payez plus tard (#BNPL), mais au début de cette année, elle s'est lancée dans la banque grand public.

Plus de 18 millions de personnes utilisent Klarna aux États-Unis, en hausse de 118 % en glissement annuel. Au total, la société sert 90 millions d'utilisateurs actifs sur 20 marchés mondiaux, traitant plus de deux millions de transactions chaque jour. Son service de prêt alternatif est disponible auprès de 250 000 détaillants dans le monde entier ou directement via son application.

Voici le volume des transactions traitées passées par Klarna :

• $6,9 milliards en mars 2021
• $18,1 milliards au premier trimestre 20219,
• $9 milliards au premier trimestre 2020
• 53 milliards de dollars au total en 2020

L'entreprise a dépassé 1 milliard de dollars de revenus l'année dernière et a été rentable pendant ses 14 premières années. Klarna a enregistré des pertes au cours des deux années précédentes en raison de ses dépenses de mise à l'échelle agressives et prévoit de revenir bientôt à la rentabilité.

Le nouveau financement de $636 millions sera utilisé pour l'expansion mondiale et américaine et pour acquérir des entreprises principalement pour recruter des employés. Comme pour le cycle précédent, 1% du nouveau financement sera reversé à des projets environnementaux à fort impact dans le cadre de l'initiative Give One de Klarna, qui permet aux utilisateurs de Klarna de suivre leur empreinte carbone et rend les dons faciles et transparents.

La liste des investisseurs de la société comprend Sequoia Capital, SilverLake, Dragoneer, SoftBank's Vision Fund 2, Ant Group, Adit Ventures, Honeycomb Asset Management et WestCap Group.

Sources: FrameWeb | Stylus | Reuters | FastCompany | Klarna

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